Au détour du colloque Oh Happy Breizh, Jean-Ange Lallican, son fondateur, nous dévoile avec passion les coulisses de cet événement tout en nous partageant sa vision du management bienveillant. Entre anecdotes, projets et souvenirs rencontre avec Jean-Ange.

Bonjour Jean-Ange, pour commencer, peux-tu te présenter et nous parler de ton parcours ?

J’ai commencé ma vie professionnelle en tant qu’architecte. Puis, animé par l’envie de me rapprocher de l’humain, j’ai repris mes études pour me réorienter vers les ressources humaines. Ce chemin m’a conduit à devenir DRH. En parallèle, j’ai enseigné le management et la gestion des RH à l’université, en tant que maître de conférences. Je me suis investi au sein de l’ANDCP, devenue ANDRH, où j’ai créé et présidé la commission sur le stress au travail.

Tu es à l’origine du colloque Oh Happy Breizh, qui rassemble chaque année de nombreux professionnels autour des sujets de QVT et d’engagement. Comment est né ce projet ?

L’idée du colloque OHB m’est venue un 2 juin 2018. Je participais à un grand rassemblement organisé par l’Académie Zéro Limite. Le premier soir, Martin Latulippe lance une proposition : « Si vous avez un projet audacieux pour améliorer la société, vous pourrez le présenter demain en 3 minutes. »

Je n’avais alors aucun projet défini… mais cette nuit-là, mon esprit a bouillonné. L’idée d’un colloque sur la bienveillance — ou plutôt, sur le management bienveillant — s’est imposée. Le lendemain, face à plus de 1 200 personnes, je me suis lancé. Trois minutes, c’est à la fois long et très court… Après mon passage, plus d’une trentaine de personnes sont venues me féliciter. Seules deux d’entre elles assisteront au tout premier colloque, à Rennes, le 19 novembre 2019. Qu’importe, j’ai fondé une association pour porter ce projet. Le premier colloque OHB a vu le jour, réunissant plus de 550 participants.

Quelle est la philosophie du colloque Oh Happy Breizh ? Qu’est-ce qui le rend singulier selon toi ?

Le colloque est là pour surprendre, interpeler et sensibiliser les participants, pas pour les former.  Ce qui le rend singulier c’est avant tout une profonde générosité. L’objectif est de partager largement des pistes, des pratiques, des éclairages pour améliorer les manières de manager. Les intervenants sont passionnés, sincères, authentiques. Ils ne se contentent pas de transmettre des savoirs : ils livrent des bouts de vie, des expériences humaines. Ce colloque ne vise pas à former, mais à surprendre, interpeller, faire réfléchir.

Peux tu nous partager quelques temps forts ou intervenants marquants des éditions précédentes ?

Il y en a eu beaucoup. Le tout premier, avec Jacques Fradin, médecin comportementaliste de renom. Puis Hermès Garanger, plus jeune lama française, dont le parcours a bouleversé la salle. Et Michel Hervé, chef d’entreprise visionnaire, qui a su captiver l’attention des jeunes étudiants organisateurs du colloque. (Il y a une anecdote savoureuse à ce sujet… je vous la raconterai à l’occasion.)

Dans un monde du travail en profonde mutation (hybridation, quête de sens, IA, etc.), comment vois tu évoluer les notions de qualité de vie au travail et d’engagement ?

Je suis à la fois confiant et lucide, non pas que je doute de ce qui se passera de bien dans notre avenir ou évolution. Je pense que nous devons, collectivement appréhender le partage du travail de manière intelligente. Je ne doute pas que des avancées verront le jour, mais tout dépendra de la manière dont nous les conduirons.

Nos environnements industriels vont de plus en plus se robotiser, notamment sur les tâches répétitives et c’est tant mieux. Nos réflexions et recherches seront boostées par l’IA, qu’il faudra accompagner pour éviter les dérives, qui d’ailleurs seront plus humaines que technologiques. C’est à nous de convenir de ce que l’on veut faire pour que nos environnements de travail soient plus sécurisés et conservent la part d’humanité indispensable à l’amélioration des conditions de vie au travail. C’est à nous de définir les règles du jeu pour que le travail de demain reste un espace de sécurité, d’épanouissement et d’humanité.

Quel rôle les communicants et les RH ont-ils à jouer dans ces transformations ?

Ils ont un rôle essentiel.
D’abord, veiller à ce que les évolutions restent maîtrisables humainement, sans dérapages vers le dogmatisme ou l’ultra-contrôle. Mais surtout, ils doivent accompagner celles et ceux qui veulent sincèrement faire progresser les conditions de travail, au service de l’humain.

Pour conclure : un livre, une citation ou une rencontre qui t’inspire dans ton engagement pour un monde du travail plus humain ?

Cela peut paraître présomptueux, mais le livre qui m’inspire le plus est celui que j’ai coécrit avec mon amie Caroline Ruiller : Osons la bienveillance, soyons audacieux. C’est un roman managérial, dans lequel deux trentenaires s’interrogent sur le monde du travail qui les attend. Les réponses viennent de dirigeantes et dirigeants qui partagent leur vision et leur engagement. Bien entendu il y a de nombreux livres qui m’inspirent, dont celui de mon ami Philippe Rodet intitulé : Le management bienveillant, qui d’ailleurs a participé avec moi à la construction de la commission stress de l’ANDRH

Et puis, il y a cette citation du chef Paul Bocuse :

« Il n’y a pas de bonne cuisine, si elle n’est pas faite par amitié pour celles et ceux à qui elle est destinée. »

Je me permets de la transposer ainsi : « Il n’y a pas de bon management, s’il n’est pas fait par bienveillance pour celles et ceux à qui il est destiné. »

C’est cette conviction qui m’anime aujourd’hui. D’ailleurs, je suis en train de construire une conférence autour du thème : Un management humain et performant… comme une bonne recette de cuisine. On en reparlera !

Merci beaucoup pour cet entretien Jean-Ange !

Plus d’informations sur Oh Happy Breizh :

Oh Happy Breizh – Le plus grand colloque national sur la bienveillance

Pour lire le précédent article “Un café avec Mary Mackay :

[ Rencontre ] Un café avec Mary Mackay, Responsable Communication interne de Pays de Montbéliard Agglomération — Exergue Conseil