[ Rencontre ] Un café avec… Julien Mercure, Directeur de Production
Entre deux Zéniths, Julien Mercure, Directeur de Production (Laurent Gerra, Thiefaine, Florence Foresti, Aya Nakamura), nous livre son regard sur le management dans le monde de l’intermittence. Depuis près de 15 ans il parcourt les routes de l’hexagone pour accompagner ceux qui font rire, rêver… au-delà du show il y a une mécanique bien huilée qui fonctionne comme une PME. L’envers du décor est cadré et nécessite rigueur et discipline. Coup de projecteur autour d’un café avec Julien pour découvrir les métiers de l’ombre.
Bonjour Julien, merci de te prêter au jeu de l’interview. En préambule, peux-tu te présenter (toi et ton parcours) ?
Je m’appelle Julien Mercure, j’ai 53 ans et j’ai un parcours assez atypique : Bac B Science Eco puis Sciences PO avant de finir mon cursus par une double Maitrise : Science Politique – Science de l’information et de la communication. J’ai ensuite effectué deux ans dans une Mission Interministérielle puis exercé deux ans en agence de communication B to B, avant de changer radicalement de vie pour devenir musicien professionnel pendant 5 ans entre studios et tournées. Finalement, par choix, je suis passé de l’autre côté des feux de la rampe : en restant dans le spectacle mais en devenant Régisseur Plateau dans un premier temps puis Régisseur Général et Directeur de Production dans un second temps. Et ce depuis 14 ans !
Ton métier implique d’être sur les routes une grande partie de l’année. comment fait on pour gérer un équilibre entre sa vie privée et pro ?
Ce métier implique de nombreuses absences mais permet d’avoir aussi une très grande densité de présence à la maison, ce qui est souvent ignoré. Ce sont des métiers où souvent on palie le quantitatif par du qualitatif. Dans les faits, il y a beaucoup de préparation dans les tournées ce qui implique une vie sédentaire la plupart du temps. Finalement je ne suis absent « que » 120 jours par an. Très clairement, il faut avoir une/un compagnon de vie qui accepte cela. C’est aussi un formidable moteur dans le couple : l’absence, le manque, les retrouvailles. Bref un vrai choix, différent mais assez excitant.
Les équipes vivent ensemble pendant un long moment. C’est un peu différent du schéma de travail habituel. Quelle différence de management observes tu ? et quels sont les clés d’un management réussi dans ce cadre là ?
Une tournée c’est une PME nomade : certaines productions et leur encadrement emploient jusqu’à 100 personnes, comme par exemple, la dernière tournée d’Aya Nakamura.
Les textes réglementaires ne conviennent pas à cet environnement de travail : pour bien faire il faudrait arriver la veille du concert et repartir le lendemain, c’est financièrement intenable.
Il faut donc une équipe technique et artistique à haute compétence, soudée et solidaire pour que cela fonctionne. Un amalgame entre compétence et caractère.
La vie en tournée c’est aussi une équipe qui vit 24h/24 ensemble, qui travaille sur le même site mais dans une ville différente chaque jour. C’est environ 25 métiers différents avec des contraintes propres : chauffeurs, coiffeurs, roadies, cuisiniers, menuisiers, techniciens son, danseurs, directeurs techniques, vendeurs, musiciens, maquilleurs, vidéastes, lanceurs d’effets spéciaux, ingénieurs, etc.
Le gage d’une tournée réussie : mettre des gens qui s’entendent, se respectent et connaissent le métier de l’autre dès le montage du projet.
Bien sûr il y a des ratés mais avec l’expérience on devine la psychologie, on trouve les affinités et on arrive à faire vivre tout ce petit monde ensemble : homme, femme, fumeur, non-fumeur, lève tôt, couche-tard, végan, fan de viande, etc.
Une équipe de tournée est d’une richesse humaine invraisemblable, c’est un puzzle où se côtoient la joie, des horaires à rallonge, l’extrême solidarité et l’esprit de corps. Ce sont ces valeurs-là qui rendent cet énorme chantier mobile viable.
Je fais souvent appel aux mêmes personnes sur des Artistes différents. Je sais en qui j’ai confiance et sur qui je peux compter.
Tu gères de nombreux intermittents du spectacle, tous indépendants. Comment réussir à communiquer avec tout le monde les bonnes infos au bon moment ?
Les clés sont l’encadrement, le respect du process et l’information. Il y a quelque chose d’assez martial et hiérarchisé dans le spectacle.
Il faut des relais dans chaque corps de métier. L’encadrement y est fondamental : il assure que chacun, avec sa mission, n’a qu’un seul objectif dans la journée : assurer le show.
Chacun sait s’adapter quotidiennement mais sait aussi quand il doit intervenir dans un process décidé en amont, quasiment à la création du spectacle lors de la pré-production. L’équipe répète les gestes, les moments du montage, ceux du spectacle et du démontage sur une quinzaine de jours. Enfin, ce qui est primordial, c’est l’information : on remet à chaque membre de la tournée un road book (numérique ou papier) dans lequel sont reprises toutes les informations essentielles liées à la tournée de façon très exhaustive : les informations sur la ville, le lieu, les horaires du process en passant par la jauge de spectateurs ou la météo, jusqu’au code wifi du Zénith. Cette communication interne est essentielle.
Chaque projet (concert) nécessite une équipe différente. Comment fais tu pour créer une cohésion d’équipe à chaque fois avec des gens qui ne se connaissent pas ?
Avec l’expérience, mon carnet d’adresses et les habitudes font que je sais agréger les bonnes personnes dans les bons projets. Le métier du spectacle devient très pointu, laissant une forte place à l’ingénierie. Les anciens intègrent les jeunes dans le savoir vivre ensemble, les jeunes apportent de nouvelles compétences et un vent d’air frais. Il faut aussi avoir un management qui s’adapte aux différentes générations. Bref c’est l’adaptation permanente. C’est passionnant, on ne s’ennuie jamais.
La question bonus : quel sera le prochain défi du management dans les années à venir selon toi ?
Le prochain défi sera de maintenir cet amalgame. Aujourd’hui, tout va plus vite, tout se complexifie au niveau technique mais tout se consomme rapidement et on passe très vite d’une chose à une autre. Ce métier réclame de plus en plus de compétences transverses puisées dans les domaines du management artistique et technique, de la gestion. Des expertises qui ne sont pas nécessairement liées au spectacle et à la culture. Il faut faire preuve de curiosité, d’esprit d’initiative, ne pas compter ses heures, rester à l’écoute des autres, savoir s’entourer, expliquer que le rôle de chacun est important pour mettre en confiance, anticiper l’évolution des règlementations en France, etc.
Un quotidien chaque fois remis en question. C’est ce qui fait l’attrait de ce métier.
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