Mary Mackay, Responsable Communication interne de Pays de Montbéliard Agglomération, s’est lancée dans un projet audacieux en 2024 : rédiger un livre sur la communication interne dans le secteur public. Echange avec Mary autour de son ouvrage sorti en octobre.

Bonjour Mary, pour débuter notre échange, pouvez-vous vous présenter ?

J’ai débuté ma carrière dans le milieu associatif culturel puis j’ai découvert la fonction publique territoriale d’abord en intégrant un théâtre puis en travaillant pour différentes autres collectivités plus spécifiquement en communication. En rejoignant Pays de Montbéliard Agglomération, j’ai été amenée à élaborer la stratégie de communication interne. L’agglo du Pays de Montbéliard est l’une des plus anciennes de France, elle regroupe plus de 600 agents dans une quarantaine de compétences, ce qui est conséquent.

Vous avez sorti en octobre dernier un livre intitulé « Bâtir une stratégie de communication interne – Guide méthodologique pour communicant public », quel est le point de départ de ce projet audacieux ?

Je suis partie du constat qu’il n’existait pas d’ouvrages sur la communication interne dans le secteur public. Je pointais ce manque à chaque fois que je devais expliquer mon métier à des étudiants ou à des personnes qui cherchaient à mieux le comprendre. J’écrivais des chroniques pour le réseau Cap’ Com et sur LinkedIn sur des sujets de communication interne. Un jour, un éditeur m’a contacté pour rédiger un livre sur cette discipline. J’y ai vu une opportunité de mettre en lumière la communication interne qui souffre véritablement d’un déficit de notoriété. Pouvoir poser les concepts, c’est aussi finalement participer à cette reconnaissance.

Que trouve-t-on dans cet ouvrage ?

Le livre est segmenté en 4 chapitres indépendants. La première partie montre l’évolution de la communication interne dans le paysage de la communication en général, notamment le fait qu’elle s’affirme. Le 2^è chapitre présente la méthodologie pour définir une stratégie de communication interne : où je commence ? Que dois-je mettre en place et dans quel ordre ? La 3^è partie est consacrée aux outils. Enfin le dernier chapitre concerne la communication interne et ses thématiques connexes : marque employeur, communication de crise, télétravail, place de l’IA etc. J’ai voulu le livre participatif, il y a donc une trentaine de témoignages de communicants, de DGS, de chercheurs, d’experts dans certaines thématiques. Mais aussi des liens vers des QR Code, des liens vers des sites internet. C’est riche !

Comment votre ouvrage a-t-il été accueilli ?

C’est encore un peu tôt pour répondre à cette question, je commence seulement à avoir des retours des personnes qui le lisent. On me dit que l’ouvrage est riche et complet. Et que sa structuration en fait à la fois un outil très opérationnel tout en étant propice à la réflexion plus conceptuelle. Parmi les personnes qui l’ont acquis ou s’y intéresse on trouve une majorité de communicants mais pas seulement : des prestataires de services, des consultants, des personnes aux RH, des étudiants… Ce livre s’adresse aux élus aussi et à toute personne qui s’intéresse aux dynamiques internes aux organisations. Ça fonctionne également pour le secteur privé.

Dans le synopsis de ce livre, il est écrit que la communication interne est bel et bien le point de rencontre entre le projet politique, le projet d’administration et la mise en œuvre. Pouvez-vous détailler ce point ?

En effet, derrière ces termes, se pose souvent la question de la quête de sens. Je considère qu’elle est du rôle de l’action publique, de personnes élues sur un projet. C’est à eux de donner le sens. Le rôle de la communication interne est de traduire le projet aux agents. Nous jouons un rôle de médiateur entre ces différentes parties-prenantes. L’agent a besoin de comprendre les raisons de telles et telles actions, pourquoi il faut fournir un effort financier ? Quel est le résultat attendu ? Il est crucial de rattacher nos missions à l’objectif final : servir l’usager.

Pour terminer, quels sont selon vous les défis de la communication interne en collectivités en 2025 ?

Il y en a beaucoup ! Tout d’abord, je pense à l’évaluation. Il est important de mesurer régulièrement la performance de nos actions, pour pouvoir justifier les crédits, les postes, la qualité des supports etc. La communication interne doit encore grandir. A ce sujet, je vois actuellement deux freins : bien souvent, nous n’avons pas été formés pour évaluer la performance de nos actions (KPI…), et la discipline manque encore d’attractivité car perçue comme étant peu fun et créative. Plus spécifiquement dans les communes, je suis obligée de citer les échéances électorales de l’année prochaine. Au niveau des collectivités, je pense également à l’accompagnement des transitions, sur le volet environnemental mais également digital (intelligence artificielle par exemple). Il y a aussi la lutte contre le « fonctionnaire bashing » qui touche nos agents et l’attractivité de nos collectivités qui peinent à séduire les candidats. Les institutions qui ne s’engagent pas dans une démarche sérieuse de communication interne, verront au fil des années un fossé se creuser entre les équipes et elles.

Merci Mary pour cet échange passionnant.

Pour retrouver le livre de Mary :

https://boutique.territorial.fr/batir-strategie-communication-interne.html

Pour lire le précédent article “Un café avec Xavier Rossignol ” : [ Rencontre ] Un café avec Xavier Rossignol, DRH de SAPIAN — Exergue Conseil